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ANNE-SOPHIE MAILHES

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           DIAGNOSTIC

​

UN DIAGNOSTIC EN SEULEMENT 3 MOIS POUR LES ENFANTS ENTRE 0 ET 7 ANS,

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ET POC*! QUELLE EPOQUE !

* Plateformes d’orientation et de coordination pour les enfants avec troubles du Neuro-développement.

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Les plateformes d'orientation et de coordination ou « POC », entrent dans le cadre d’un « parcours de bilan et d'intervention précoce pour les enfants avec des troubles du Neuro-développement ou « TND », parcours concernant les enfants de 0 à 7 ans.


 

La constitution de ces POC se base sur trois textes principaux :

​

  • La stratégie nationale troubles du Neuro-développement 2018-2019 ;

 

  • La circulaire n° SG/2018/256 du 22 novembre 2018 relative à la mise en place des Plateformes d’Orientation et de Coordination dans le cadre du parcours de bilan et d’intervention précoce pour les enfants avec trouble du Neuro-développement ;

 

  • Le décret n° 2018-1297 du 28 décembre 2018 relatif au parcours de bilan et intervention précoce pour les troubles du Neuro-développement.

 

 

Une organisation graduée est actuellement structurée :

 

  • En professionnels de première ligne : professionnels de PMI, éducation nationale, parents, médecins, professionnels libéraux, etc. ;

 

  • En professionnels de deuxième ligne : CMP, CMPP, CAMPS, SESSAD ;

 

  • En professionnels de troisième ligne : les centres experts comme le Centre Ressource Autisme, le Centre de Référence des Troubles du Langage et Apprentissages, le Centre Relatif à la Déficience Intellectuelle.

 

Les parents pouvaient jusqu’à présent solliciter les professionnels de première ou deuxième ligne de leur choix.

 

 

En pratique, depuis la mise en place des POC :

 

Le médecin de première ligne, dès le repérage d’écarts inhabituels de développement chez un enfant, adresse le questionnaire coché à la POC. [1] La POC analyse la situation et contacte la famille pour proposer un parcours qui a été validé en commission par le coordonnateur et le médecin.

 

Les POC sont dotées d’un temps administratif (secrétariat et gestion), d’un temps médical (pédopsychiatre et neuropédiatre) et paramédical (assistante sociale, neuropsychologue…) relatif à la coordination de l’ensemble du parcours.

 

La POC envoie ensuite les prescriptions et éléments du dossier :

 

Soit :

 

  • Aux professionnels libéraux qui auront conventionné et qui s’engagent à rencontrer la famille dans les deux mois, ainsi que la rédaction de bilans et comptes rendus qualitatifs et quantitatifs des premiers rendez-vous pour une synthèse à 6 et 12 mois ;

 

Soit :

 

  • En concertation avec le médecin directeur d’une structure de 2ème ligne, qui s’engage à donner un premier rendez-vous dans les trois mois et restituer les bilans et interventions lors d’une synthèse dans les six mois.

 

Ce parcours a une durée maximale d’un an à compter du premier rendez-vous avec un professionnel contribuant au diagnostic ; il peut être prolongé de six mois si une demande à la MDPH a été formulée.

 

Une nouvelle offre de parcours de bilan et d’intervention précoce est dorénavant possible depuis la mise en place de la POC, avec mise en œuvre d’un forfait d’intervention précoce permettant une prise en charge financière par l’assurance maladie des bilans réalisés par certains professionnels ergothérapeutes, psychomotriciens et psychologues

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Quelques limites à ce projet :

 

Le remboursement reste très positif pour les prises en charge non remboursées auparavant dans le domaine libéral, mais les montants accordés paraissent faibles et non encore définis pour les prises en charge psychologiques.

 

La durée des prises en charge en libéral est limitée à 12 mois ou 18 mois si le dossier MDPH est constitué, exposant l’enfant à des ruptures de soins si les troubles ne se sont pas résolus ou si la famille ne peut assurer le coût en libéral.

 

Elles organisent un nouveau maillage territorial, alors que le maillage entre les structures sanitaires, médico-sociales et le réseau de première ligne existe déjà et aurait pu être activé et utilisé. Les médecins libéraux ne semblent plus être considérés comme à même de faire leurs adressages.

 

Les POC sont positionnées entre les structures de niveau 1 et 3 et se proposent comme un nouveau lieu de coordination et de synthèse, or, les niveaux 2 sont déjà organisés à cet effet.

 

Un renfort des structures de 2e ligne aurait pu être envisagé afin de diminuer les listes d’attente ; ces structures sont au contraire contournées et ramenées à un rôle d’exécutants (ou de prestataires), pendant que la durée du soin devient réglée de façon administrative.

 

 

Et au-delà des limites, des zones d’ombre apparaissent :

 

Pourquoi une aide financière uniquement pour les enfants avec troubles du Neuro-développement ? Outre la question éthique de choix et de tri des enfants, un tel dispositif ne peut que générer des demandes d’être diagnostiqué TND de façon à être financé, et opère un recouvrement de l’ensemble du champ de la pédopsychiatrie par la catégorie TND.

 

Cette machinerie occulte la qualité des thérapies, ne pense pas la prise en charge globale de l’enfant. Avec les signifiants du diagnostic, les enfants risquent de se retrouver réduits à un trouble isolé à rééduquer, un déficit à compenser. Comment sera pris en compte la subjectivité et l’intersubjectivité alors que le diagnostic, ainsi conçu, désubjective ?

 

Qu’en est-il de l’intrication étroite des difficultés de l’enfant avec son développement psychologique, son inscription dans un contexte familial, relationnel et social ?

 

Qu’en est-il de l’effet auto-prédictif des diagnostics, bien connu des pédopsychiatres ?

 

Dans Politique des identités, politique du symptôme, Marie Helene Brousse conclut : « Positiver le symptôme en quelque sorte, au prix du sens et de l’interprétation. Seule la jouissance inscrite dans le corps donne une identité singulière ». [2]

 

Véronique Voruz, dans Les bonnes intentions de l’ONU, souligne que « l’État, par des stratégies éducatives et de soutien, gère une population très hétéroclite rangée sous les signifiants du handicap, tels que "déficience à l’apprentissage" ou "trouble du spectre autistique" » [3]. L’étiquette « handicap » délégitime la clinique psychiatrique.

 

Enfin, à signaler un texte d’Anne Delègue, pédopsychiatre, qui propose une analyse exhaustive du sujet [4].

 

 

[1] Voir le formulaire d’adressage à l’adresse suivante : http://www.autisme-france.fr/offres/doc_inline_src/577/DISA-DICOM-Reperage_TND-v13juin19.pdf

[2] Brousse, M.-H., « Politique des identités, politique du symptôme », Ornicar ?, n°53, novembre 2019, p.11-20.

[3] Voruz, V., « Les bonnes intentions de l’ONU », Lacan Quotidien, n°813, 21 janvier 2019, publication en ligne (www.lacanquotidien.fr).

[4] A lire sur internet : http://www.api.asso.fr/wp-content/uploads/2019/10/23.10.2019.-POC-et-forfait-précoce-décryptage-et-réflexions-finalisé.pdf

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