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le chat de kipling attrapera-t-il le rossignol de keats ?

Laurence metz

En ce temps-là, raconte Kipling, les animaux étaient tous sauvages, « homme compris... il était sauvage que c'en était affreux. Il ne commença à s’apprivoiser que du jour où il rencontra la Femme, et elle lui dit qu’elle n’aimait pas la sauvagerie de ses manières » [1]. Cette femme domestique tous les animaux par la séduction, par la ruse ; tous sauf un : le chat. Ce chat a de la répartie et, à chaque rencontre avec celle qui veut le séduire et s'en servir, il rétorque : « Je ne suis pas un ami et je ne suis pas un serviteur. Je suis le Chat qui s’en va tout seul ».

 

Il n'entre pas dans la communauté des êtres bien élevés, bien rangés, bien catégorisés, et c'est à ce titre que Jacques-Alain Miller l'évoque dans un article, L'inconscient et le sinthome. Il fait de ce chat l'emblème de la singularité de chacun, son sinthome, « cette locomotive qui s'en va toute seule » [2].

 

Dans la démarche diagnostique, on peut distinguer le « cas particulier » dans une classe : un qui a les mêmes caractéristiques que d'autres mais avec une particularité et qui reste cependant un parmi d'autres.

 

Par contre on ne dit pas « cas singulier ». La singularité est un incomparable, fait du cas un « un et un seul » : « Ah celui-là ! », l'illustre J.-A. Miller, parole où le point d'exclamation est essentiel. Le singulier requiert de l'analyste qu'il « modèle l'entendre sur l'instant de voir ».

 

 

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[1] Kipling R., « Histoires comme ça », disponible sur le site Babelio.

[2] Miller J.-A., « L'inconscient et le sinthome », La Cause freudienne n° 71, juin 2009, p. 75.

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