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LAURENT E.

"Les traumatismes du savoir"

« L’école peut être le lieu qui accueillera les enfants nommés, marqués par l’affolement des étiquettes, des diagnostics distribués massivement et qui produisent les trois épidémies de l’enfance que sont le trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention, l’autisme et les troubles bipolaires.

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En mars 2012, les chiffres de système de santé américain donnaient un enfant autiste sur 85. Alors qu’en 2013 les statistiques sont près d’atteindre un enfant sur 50, la communauté psychiatrique tout entière annonce un changement de critères de définition de l’autisme pour réduire l’inflation des sujets ainsi qualifiés. C’est un phénomène envahissant. Ne parlons pas des « bipolaires » dont le nombre augmente de façon affolante. Pour réduire l’inflation de ces trois catégories d’épidémies, les techniciens de la bureaucratie sanitaire pensent qu’il va suffire de quelques manipulations statistiques. « La quatrième édition du manuel, publiée en 1994, a essayé de contenir l’inflation diagnostique qui avait suivi l’édition précédente. Elle a réussi du côté adulte, mais n’a pas réussi à anticiper ou à contrôler les sur-diagnostics à la mode pour l’autisme, les troubles du déficit de l’attention et les troubles bipolaires chez les enfants, qui se sont produits depuis. [1] » Ces techniciens sous-estiment que les parents et les enfants eux-mêmes veulent être reconnus comme bipolaires, hyperactifs et autistes. Aux Etats-Unis, l’autisme ouvre des droits aux prestations sans équivalent pour d’autres pathologies. Et certains sujets préfèrent être reconnus comme bipolaires, parce que « bipolaire ce n’est pas être fou ».

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[1] France A., « Diagnosing the D.S.M. The New York Times, 11 mai 2012 (disponible sur Internet)

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Laurent É., « Les traumatismes du savoir », Le savoir de l’enfant, Paris, Navarin, 2013, p. 147-156.

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